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Téléchargement ROLAND DAUXOIS Je vous écris TREMPLIN POETIQUE 16 Mars 2013
Lecture accompagnée d'improvisation musicale offerte par 5 élèves talentueux
du Conservatoire de Musique de Lyon et leur professeur Jean RIBBE.
Je vous écris de cette nuit pleine de vivants
je veux dire je vous écris de cet enfer
où les mots sont des pierres,
où les pierres font et défont les montagnes
où les montagnes sont au final ces grands mensonges de pierres.
Dans le canal du vide je dresse haut le fanal du néant,
je ne connais toujours pas les limites de mon cri
ni la gravité de mes blessures,
je vous écris de cette nuit
tout le reste est friable,
tout ce qui reste est poussière.
Ombres en partance pour d'autres terres d'ombres,
seuls les morts applaudissent
tous si imbibés de morve et de morgue,
le sépulcre leur va comme un gant,
ils se ruent hors de leurs tombes,
et vomissent des hosties sous le bénitier de la lune.
Si je vous écris ainsi n'en doutez pas c'est pour tenir,
tenir encore entre mes mains,
entre mes doigts gourds,
l'illusion de cet esprit
qui veut encore se battre
pour résister à l'invasion de l'absurde,
à cette marée singulière où des despotes isolés
tentent de s'accrocher à des lanternes éteintes.
Je vous écris de cette nuit carnaval
où des ruelles se prennent pour des boulevards,
où les villes se construisent en miroirs,
où tout devient vite inextricable, chaos de câbles,
poulpes noirs forgés dans le métal
collés aux ogives des nouveaux temples,
où tout devient gluant,
où tout rampe,
où la laideur est devenu la norme,
où l'ennui drape sa nudité
dans la souffrance rescapée,
où se balancent
du haut de leurs joyeuses potences,
nos éclaireurs, nos guides.
Je persiste à vous écrire
me tue ainsi à cette tâche absurde,
m'agrippe à ce rocher,
tentative pour confondre le monde
avant que celui-ci se fonde avec ces ombres
qui depuis notre enfance lacèrent notre esprit.
Je vous écris pour simplement tenir l'équilibre
entre cette hauteur qui bascule
et celle qui veut encore défendre son ivresse,
je vous écris pour ne pas m'effondrer,
pour louer le premier sarment
de cette vigne du sang.
Je vous écris avec cette verve
qui rend tous les mensonges fréquentables,
Je vous écris en ce dernier effort des vertèbres
pour braquer mes yeux sur le ciel,
je vous écris et vous espère,
beauté retrouvée
sous le songe d'un ultime glacier.
Ce poème est extrait d'un ensemble de textes rassemblés sous le titre de "Seuil des Acides" qui lui même est une suite poétique à "l'ouvrier pulvérisé" écrit en 2011
Une partie de mon travail poétique est visible sur : http://veinesecrete.blogspot.fr/
et mon travail de peintre est évoqué ici